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Massacre de dauphins en Asie

Photo Bluevoice
Photo Hardy Jones 

DOSSIER 

Voir aussi le site d'IKAN


Tourisme et boucherie, même combat  

Chaque année, sous la pression du Moratoire imposé en 1982 par la Commission Baleinière Internationale, et suite à l'interdiction par la CITES de commercialiser des produits d'origine baleinière, le Japon éprouve de plus grandes difficultés pour répondre aux demandes de ses restaurateurs. La viande de cétacé reste encore un mets fort prisé dans ce pays et la demande en est importante, malgré le grave niveau de toxicité de cet aliment et de l'opposition courageuse d'une poignée d'activistes japonais. 

Que ce soit lors de chasses au harpon « froid » menées au large ou lors de chasses au rabattage (drive-hunt) conduites le long des côtes, les pêcheurs japonais massacrent plus de vingt mille cétacés par an (dauphins, marsouins de Dall, pseudorques, orques, etc.) et ce, d'une manière extrêmement cruelle. 
En 20 ans, le Japon a ainsi éliminé de ses eaux plus de quatre cent mille petits cétacés, à l'heure où la vie de ceux-ci est déjà gravement menacée par les prises accidentelles en filets dérivants, la famine et la pollution.

Par ailleurs, détournant l'intérêt spontané des êtres humains à l'égard des dauphins à des fins mercantiles, l'industrie des delphinariums s'est révélée extrêmement rentable sur le plan touristique et a connu un boom énorme ces dernières années. 
Partout, dans les hauts lieux de vacances, de nouveaux bassins sont construits pour accueillir des cohortes de dauphins, d'orques ou de bélougas, rapidement morts et vite remplacés. En d'autres lieux, sur d'autres plages, ce sont des "petting pools" que l'on bâtit par dizaines à l'usage des touristes pressés. Pour une poignée de dollars, la rencontre avec l'animal est garantie sur facture et la photo souvent offerte avec le prix du billet. 

A ce jour, les pays les plus demandeurs sont la Corée, le Japon, la Chine, Taiwan, la Thaïlande, Hong Kong, la Polynésie Française, le Mexique et les Etats-Unis, notamment. A lui seul, compte tenu des décès incessants qui y surviennent, le Delphinarium géant de Nagoya (Japon) représente l'un des plus gros importateurs de cétacés captif au monde. La plupart des visiteurs qui nagent avec ces dauphins si souriants ou apprécient leurs cabrioles au travers des cerceaux ignorent évidemment la provenance exacte de ces animaux. 


Manati Park. Photo extraite du site http://www.barrylipman.com/JPEGS/Dolphinarium.htm
Manati Park 


Les premiers massacres 

Afin d'alimenter le marché de la viande de baleine en produits de substitution et de répondre aux demandes en captifs frais, une première chasse au rabattage eut lieu à Iki en 1979. Des centaines de dauphins furent égorgés sur une plage spongieuse de sang. 

L'année suivante,  un autre massacre, comprenant cette fois des pseudorques parmi les victimes. La scène fut filmée par des caméras indiscrètes et enfin, l'information circula et fit scandale au niveau international. 

Tout s'arrête jusque en 1987, date à laquelle le Marine World Africa (USA) passe à son tour commande de dauphins et de pseudorques. Les prix offerts sont plus élevés et aussitôt, une nouvelle chasse est menée. Quatre-vingt dauphins sont hissés vers la plage. Quinze sont mis de côté pour le delphinarium américain, tandis qu'à quelque mètres, les autres agonisent sous le soleil en se vidant de leur sang, parfois écorchés vifs.... 

Depuis 87, la machine s'est emballée et de nouveaux massacres ont eu lieu à Ito, puis à Iki en 1993, à Futo en 1996, à Taiji en 1999 et ce ne sont là que les chasses connues. Les pêcheurs ont appris à se montrer discrets.

Copyright Ocean Creation



L'horreur filmée à Port Futo 

Pourtant, la pêche menée au port de Futo, dans la péninsule d'Izu, a pu être filmée en cachette par l'association japonaise IKAN. Ces images furent montrées à la Conférence de la CITES de juin 2000 à Adélaïde : les délégués japonais, blêmes de honte, durent quitter la salle. La cassette vidéo , aujourd'hui disponible sur simple demande, nous permet de reconstituer les étapes de cette boucherie atroce et d'imaginer comment elle se répète chaque année, sur plusieurs plages japonaises....  

Nous sommes le 13 octobre 1999. 
Les pêcheurs partent en mer. Une bonne centaine de dauphins sont repérés, isolés, rassemblés, poussés par des filets vers les rives d'une petite baie peu profonde. Une quinzaine d'hommes, équipés de combinaison de plongée et de tubas, repèrent les spécimens destinés aux deux principaux clients du jour, à savoir les delphinariums Izu-Mito Sea Paradise et Keikyu Aburatsubo Marine Park

Ils poussent les dauphins choisis - le plus souvent, des mères et leur enfant - vers des enclos à part non loin de là, afin de les mettre à l'abri et de les livrer plus tard à leurs commanditaires. Avant cela, les nouveaux captifs, baignant dans le sang de leurs compagnons proches, devront subir une «désensibilisation» (habituation au poisson mort et à la présence de l'homme, premiers dressages,  etc. ) dont on a pu prendre également quelques images.

Quant aux autres dauphins, ils se tiennent toujours entassés dans leur nasse le long de la plage. On les y laisse jusqu'au lendemain, 14 octobre 1999 et là, l'Enfer commence... 

Les cétacés sont attachés par la queue à un câble et traînés à toute vitesse sur le sable brûlant. 
Des tas de corps gris empilés se forment, des alignements de dauphins allongés, couverts de poussière, peau écorchée par les cailloux. Mais toujours bien vivants, hélas, car parfois, on les voit se redresser par spasmes, les yeux fous, en piaulant leur terreur puis retombant, épuisés.  
Parfois, c'est par grappes entières, à l'aide d'un camion ou d'une grue, que l'on tire les dauphins vers la terre. 

Beaucoup sont égorgés. Ils meurent lentement, la carotide crachant de grands jets de sang sur le pêcheur qui s'éloigne, impassible. D'autres ont le cœur ou le flanc percé avec une sorte de pelle-épieu, qui les fait se tordre de souffrance. Une fois, deux fois, le pêcheur frappe puis, sans se soucier si sa victime est morte ou non, il se dirige vers d'autres corps étendus, frémissants, qui le voient venir sans pouvoir rien faire... 


D'autres dauphins semblent oubliés : laissés sous le soleil, ils s'étouffent lentement sous leur propre poids. Un pêcheur passe et marche sur un alignement de ces corps : l'un des cadavres se cabre sous la botte. Cette pauvre chose vit encore ! 

Certaines images nous montre des cinéastes et activistes présents sur place, tentant de convaincre l'un des pêcheurs. A côté d'eux, un dauphin agonise, sans blessure, juste échoué sur la terre. "Qu'on lui donne au moins  le coup de grâce !" semble plaider l'un de ces témoins. Rien à faire. Pas question de perdre son temps. Le dauphin mourra là, dans quelques heures peut-être....

Pendant ce temps, marchant dans l'eau sanglante à mi-cuisse, un homme en tenue de plongeur continue le sale travail. 
La mer est agitée comme en pleine tempête par les coups de caudale des dauphins pris au piège. Des gerbes d'écume rougeoyante s'élèvent. Le tueur passe nonchalamment parmi ces êtres paniqués et il égorge, il plante le pieu, sans cesse. Parfois il s'écarte pour vérifier le bon état de sa combinaison, puis il repart, tuant au hasard, sabrant dans  le tas comme on fauche les orties....

Plus loin,  maintenus sous un filet expressément enfoncé dans l'eau, d'autres dauphins se noient lentement. 
Il leur faudra, à eux aussi, un long moment pour mourir... 

Le bilan de cette opération : cent dauphins capturés et ramenés vers la plage, soixante-neuf massacrés et vendus en boucherie, six conservés vivants pour les delphinariums. 



Les chasses continuent 

Du 29 mars au 6 avril 2001, Hardy Jones, le Directeur de l'organisation Blue Voice a pu visiter plusieurs villages sur la côte du Japon, dont les habitants sont sinistrement connus pour ces terribles "pêches au rabattage" (drive-hunt). 

Lors de cette mission d'observation, Hardy Jones était accompagné par Sakae Fujiwara, un environnementaliste local et par une journaliste du "Sunday Mail", Annabel Heseltine. Le voyage était soutenu et financé par les organisations 
suivantes : In Defense of Animals, Whale and Dolphin Conservation Society et Cetacean Society International. L'association japonaise ELSA Nature Conservancy assurait l'accueil de la délégation. 

Hardy Jones, qui travaille à lutter contre les massacres de dauphins au Japon depuis près de vingt ans, publie donc aujourd'hui un rapport complet en anglais sur la situation. 
Ce document prouve non seulement de façon irréfutable la connexion entre les pêches dites "drive-hunt" telles que menées à Iki ou Futo Port et la florissante Industrie américaine des Delphinariums mais il révèle aussi à quel point le 
malaise ressenti par les pêcheurs sous la pression des protestations internationales est important. Les massacres ont désormais lieu la nuit, au large, mais ne s'interrompent pas pour autant. 
"La population japonaise est bien entendu hors de cause dans cette affaire" insiste Hardy Jones, "ce ne sont que quelques groupes financiers qui entretiennent ce commerce très profitable, à la demande expresse de firmes étrangères et avec l'accord de plus hautes autorités du pays". 

Sur place, que ce soit à Taiji, Ito, Futo ou Iki, Hardy Jones a pu en effet observer en de nombreux endroits de véritables "entrepôts à dauphins", sorte d'enclos grillagés montés à la va-vite dans un recoin discret du port. Les quelques captifs qui marinent dans ces eaux sales sont les survivants d'une précédente boucherie. Retirés de l'eau lors du massacre, jetés dans un camion puis stockés dans ces zones d'attente, ils seront finalement vendus à quelque intermédiaire véreux venu estimer leur valeur. 
Un dauphin vaut aujourd'hui quelques trois mille dollars mais le prix peut varier en fonction de la qualité et surtout des chances de survie à long terme de cette "marchandise". 


Source des photos : Ocean Creation http://www.oceancreation.com



CBI et delphinariums 

On comprend mieux à la lumière des horreurs précédemment décrites, comment les problématiques de la conservation et de la captivité sont liées. 
A supposer que les débats prochains de la Commission baleinière aboutissent de manière favorable, ce qui n'est pas garanti, baleines et cachalots resteront à tout le moins protégés. De plus en plus de dauphins constitueront alors une source de remplacement. Dans la foulée, les delphinariums continueront allégrement à souffler sur les braises de ce nouveau marché et à en tirer profit. 

L'Europe s'honorerait donc à interdire dans un premier temps tous les delphinariums présents sur son territoire, car leur existence encourage les autres nations à pratiquer ce type de confinement d'êtres libres et conscients, présenté trop souvent comme utile à la "science" et à la "pédagogie".

Souhaitons par ailleurs que la Belgique rejoigne enfin les rangs des pays membres de la Commission Baleinière Internationale et qu'elle y réclame haut et fort, comme elle sait si bien le faire pour d'autres dossiers chauds, une protection globale de TOUS les cétacés, mysticètes ou odontocètes. 

Source des photos : Ocean Creation


Pour en savoir plus 

Vidéos, Photos et Rapport complet disponible sur le site de Blue Voice 
http://bluevoice.org/dolphin/save.html

http://www.tappedintobluevoice.org/ram/Japandolphins.ram

Vidéos, Photos et Rapport complet disponible sur le site japonais d'IKAN

http://homepage1.nifty.com/IKAN/eng/Newest-E.html


Lire aussi :

Dossier "Whaling" sur le site du WDCS

Iruka & Kujira (Dolphin & Whale) Action Network

Environmental Investigation Agency

http://www.stopwhalekill.org/


Pour protester auprès des autorités japonaises:

Écrire au Premier Ministre du Japon 
Jyunichiro Koizumi
Fax : +81 3 3581-3883
http://www.kantei.go.jp/foreign/index-e.html

Au Parti libéral du Japon 
ldp@hq.jimin.or.jp

A l'Ambassade du Japon en Belgique 
Kunstlaan 58, 
Avenue des Arts 58, 
1000 Brussels
Belgium

à l'Ambassade du Japon en France 
Chancellerie et Service Consulaire
7, avenue Hoche 
75008 Paris
France
Ambassador: Koïchiro Matsuura
The Office of the Prime Minister
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(NO-)0030 Oslo
Telephone: +47 22 24 90 90
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